L’homme de foi réconcilie tout ce qui est ennemi. French-Australian Association, 2002

French-Australian Association

2002

St Patrick’s Cathedral

L’homme de foi réconcilie tout ce qui est ennemi.

Qui connait l’histoire sait bien que les rapports entre l’Église et l’État n’ont pas toujours été des plus faciles. Cela fut toujours le cas. Dans l’évangile d’aujourd’hui, les Pharisiens et les Hérodiens s’approchent de Jésus. Ces deux partis jugeaient différemment le rapport entre le Peuple de Dieu et l’Empire Romain. Les Pharisiens de leur part acceptait la tutelle romaine pourvu qu’on les laisse poursuivre leurs pratiques religieuses personnelles, alors que les Hérodiens, partisans du roitelet Hérode, fils du grand Hérode, cherchaient l’Independence politique. Unis seulement par leur haine commune contre Jésus ces deux groupes s’approchent de lui et posent la question suivante. « Est-il permis de payer l’impôt à l’empereur? » question soigneusement formulée à laquelle ils n’envisagent que deux réponses possibles: oui ou non. Mais Jésus leur dit: « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » La réponse les laisse ébahis.

Sa réponse tient-elle en partie de l’inscription sur la monnaie de l’impôt dont la légende lisait: « Tibère César, fils du divin Auguste.’ »Seuls les deux mots ‘César’ et ‘divin’ étaient écrits en entier. Quoi qu’il en soit, Jésus évite le piège et donne un enseignement de première importance.

Dans une même société l’État et l’Église ont leurs droits, tout comme chez l’individu le corps a ses droits, pour ainsi dire, et l ‘âme aussi. La raison et le sentiment tous les deux jouent un rôle. Les larmes et le rire, le loisir et le travail, enfin tous les aspects de la personne et de la société s’harmonisent chez l’individu bien équilibré. Par contre, la raison dépourvue de sentiment est insupportable. Une vie sans mystère se décolore. Là où la science semble tout réduire à la mathématique, on cherche la déraison, car l’excès provoque l’excès. L’homme raisonnable cherche la juste mesure pour y trouver enfin la paix du cœur. L’homme de foi réconcilie tout ce qui est ennemi.

L’Association Franco-Australienne assiste chaque année à la célébration eucharistique dans la Cathédrale à laquelle elle invite les représentants des autorités de la France et de l’État de Victoria. Elle souligne de cette façon que l’Église et l’État ne sont pas opposés mais collaborent pour le bien de tous. De plus, cette célébration cimente le rapprochement de deux pays éloignés l’un de l’autre, la France et l’Australie, dont l’amitié date des premières années de la colonisation européenne. La Pérouse, le grand explorateur français, fut courtoisement accueilli par le Gouverneur Phillip quelques jours après l’arrivée du First Fleet à Sydney. Les Capitaines Nicholas Baudin et Matthew Flinders se sont rencontrés amicalement près de cette partie de la côte Australienne que Baudin dénomma Terre Napoléon et qui est maintenant l’État de Victoria. La France et l’Australie étaient alliées pendant les deux guerres mondiales. Cette célébration eucharistique montre que l’Église, parce qu’elle n’est liée à aucune forme civique, est capable

de réconcilier les États.

Ce vingtième siècle a connu les théocraties où une religion particulière veut écraser tout point de vue contraire. De même ce siècle a vu les tyrannies bafouer la liberté religieuse et mettre en ridicule les croyances. César a sa part, mais Dieu aussi.

Ou donc est le juste chemin? Où trouver la sagesse. Les Pharisiens et les Hérodiens commencent par dire à Jésus « Maitre … donne nous ton avis? » Mais ils ne sont aucunement dociles. Ils en veulent à Jésus de prôner une sagesse qui les dépasse. Leur esprit est ferme à tout sauf leur propre avis. C’est pourquoi Jésus réplique sèchement: « Hypocrites. Pourquoi voulez-vous me mettre dans l’embarras. » En ripostant de la sorte il expose la mauvaise foi de ces partisans de la synagogue et du palais. Le chemin de la sagesse suppose une ouverture de l’esprit, une souplesse, une docilité. Le disciple attentif ne se laisse influencer par personne, il est sans crainte et cherche la vérité à tout prix.

La réponse de Jésus est toujours valable et son élaboration actuelle varie selon les circonstances et n’est pas toujours facile à déterminer. L’économie, la culture et l’agriculture, la vie familiale et civique, les rapports internationaux, tous les aspects de la société ont leur propre nature qu’il faut respecter. Mais Dieu est l’origine et le destin de ce monde. Il faut donc respecter et le Créateur et la créature. Il faut respecter l’Église qui prophétise au nom de Dieu et respecter l’État à qui il revient de promouvoir la justice et le bonheur. César se situe dans le temps mais nous cherchons à dépasser le temps et à entrer dans le mystère du Dieu éternel.

 

 

The gospel text today relates one of the most famous and most difficult sayings of Jesus. It concerns the relationship of God, the ruler of all, and Caesar, the ruler of the Roman empire; or in more modern terms, Church and State.

The relations between Church and state have always been complex and changeable. In Jesus’ own time the Pharisees were content to live under Roman law as long as they could continue their religious practices unhindered whereas the Herodians sought political independence. These two groups are united only in their opposition to Jesus and in laying a trap for him. He escapes the trap by uttering the famous phrase: “Give unto Caesar what belong to Caesar and to God what belong to God.” Both the State and the Church have their role to play in society just as in a well-balanced personality, both body and soul, reason and emotion, tears and laughter, work and play: all have their appropriate place. How they are to be balanced at any particular moment is the work of wisdom.

Each year the French Australian Association invites representatives of the French and Victorian Governments to this Eucharistic Celebration, and by so doing shows that Church and State can work together for the common good. This Mass brings together people from opposite sides of the globe and emphasises that the relationship of France and Australia is the oldest international link this country has had since European settlement. Indeed, the part of Australia now called Victoria was first called Napoleon Land.

How are we to find the wisdom which points to the proper relationship between Church and State? The Pharisees and the Herodians pretend to be disciples of Jesus but he sees through their hypocrisy. Only the true disciple, who has an open mind and is attentive to all Jesus’ teaching, will discover welling up in him the wisdom and fineness of judgment which points the way forward. Both God and Government have their rights but earthly rule is fixed in time whereas we wish to transcend time and to enter in the mystery of the eternal God. It is possible to go beyond time only by living through time, by rendering both to Caesar and to God.

About interfaithashram

Rev. Dr. John Dupuche is a Roman Catholic Priest, a senior lecturer at MCD University of Divinity, and Honorary Fellow at Australian Catholic University. His doctorate is in Sanskrit in the field of Kashmir Shaivism. He is chair of the Catholic Interfaith Committee of the Archdiocese of Melbourne and has established a pastoral relationship with the parishes of Lilydale and Healesville. He is the author of 'Abhinavagupta: the Kula Ritual as elaborated in chapter 29 of the Tantraloka', 2003; 'Jesus, the Mantra of God', 2005; 'Vers un tantra chrétien' in 2009; translated as 'Towards a Christian Tantra' in 2009. He has written many articles. He travels to India each year. He lives in an interfaith ashram.
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