2010 Radio SBS Pâques, « la foule hurle, ‘crucifie-le, crucifie-le’ »
Ce Vendredi Saint, dans toutes les églises du monde catholique on entendra le récit de la passion selon Saint Jean. On entendra dire que les ennemis de Jésus le font comparaitre devant Ponce Pilate, le gouverneur romain, et l’accusent vivement. Pilate le fait flageller. Après que les soldats l’ont bafoué et humilié, Jésus sort du palais, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre. Pilate proclame alors : « Voici l’Homme ! » Le gouverneur ne sait pas ce qu’il dit. Il dit plus qu’il ne sait. Il n’utilise pas le mot grec aner qui signifie un homme, un mâle, mais le mot anthropos qui signifie un être humain. Pilate dit en effet : ‘Voici l’Etre Humain, voici l’humanité entière. Voici celui qui prend la place de toute l’humanité, celui qui s’identifie à tous, celui qui est l’avenir de chaque personne.’ La scène est émouvante. En effet, on voit en Jésus tous les hommes et les femmes meurtris, humiliés, condamnés. De même en chaque personne mal traitée on voit la personne de Jésus. Ils ne font qu’un. C’est l’incarnation.
La foi chrétienne proclame que Jésus a choisi de venir en ce monde. S’il veut partager la condition humaine il ne peut pas refuser les malheurs des hommes. Il lui faut connaître l’injustice et l’outrage. Un messie qui refuserait la souffrance n’est pas le vrai messie. Il serait ridicule. Il faut que le messie souffre avec l’humanité souffrante et leur donne l’espoir par sa présence même. Voilà la grandeur de cette âme que nous célébrons à pâques.
Jésus se tient là devant la foule. Si nous étions là nous-mêmes, que verrions-nous ? Saurait-on voir la compassion et la liberté d’âme, l’esprit et l’amour dans ce visage enlaidi par les coups, les cheveux ensanglantés. Saurait-on voir le Dieu qui l’a envoyé, le Dieu compatissant. Mais non, la foule hurle, ‘crucifie-le, crucifie-le’. Quel tressaillement d’horreur devait passer dans l’âme de Jésus en entendant ces mots affreux.
Pilate, impressionné par le calme de Jésus, lui demande ‘d’où es-tu’. Mais Jésus ne lui répond pas. Inutile de répondre car Pilate est incapable de comprendre l’origine de Jésus. Pilate est incapable de voir cet Homme, ce Dieu-homme, cet envoyé de Dieu.
Au début de ce mois, une conférence sur l’athéisme a eu lieu à Melbourne. Ce fut un grand succès. Entre deux et trois mille personnes y ont assisté. J’accueille vivement leurs points de vue qui sont utiles et nécessaires, car ils nous font réfléchir et nous empêchent de ‘s’endormir’ dans la foi, pour ainsi dire. Mais j’aurais à demander aussi de ma part, est-ce les athées se laissent interroger par le récit évangélique. Sont-ils comme Ponce Pilate qui ne sait pas voir celui qui se tient devant lui ? Dieu, leur refuse-t-il sa parole parce qu’ils refusent de l’écouter.
Il s’agit à pâques et à tout moment d’écouter les points de vue différents, et surtout d’entendre le cri des blessés. De cette façon la vue du Dieu inconcevable nous deviendra claire. Que cette fête de pâques nous ouvre les yeux et nous donne la paix.