French-Australian Association
26 Octobre, 1996
St Patrick’s Cathedral
Dieu aime sans juger.
Vous connaissez les circonstances de l‘épisode de l’évangile d’aujourd’hui. Jésus est fatigué. Il s’assied au bord d’un puits. Les rayons du soleil dardent. C’est midi. Une Samaritaine vient à cette heure insolite puiser de l’eau. Jésus lui adresse la parole. Il lui offre de l’eau vive. Jésus sait bien qu’elle a eu cinq maris déjà et que le sixième, avec qui elle habite, ne prétend pas être un mari. Ces chiffres sont importants. Jésus sera le septième.
En lui offrant l ‘eau vive, Jésus se propose comme le septième mari, c’est-à-dire le mari parfait qui n’est pas un mari comme les autres. Cette femme n’ose plus venir au puits à l’ heure habituelle. On devine facilement que les autres femmes du village la rejettent: c’est une Jézabel prête à séduire leurs maris.
La Bonne Nouvelle entière se trouve en cette scène. Jésus n’hésite pas à se lier par les liens les plus sûrs et les plus purs à celle qui est étrangère, aliène, perdue, celle qui symbolise nos faiblesses, nos désirs, nos chemins perdus.
Jésus peut agir ainsi parce qu’il est libre ; il ne dépend de rien, ni du Temple à Jérusalem ni du Temple rival bâti sur la montagne de Samarie. Jésus adore son Père et son Dieu en esprit et en vérité et ne dépend pas des pierres et des architectes. Il n’est pas souillé non plus par son rapport avec la Samaritaine. Au contraire, i1 devient ce qu’il est, il s’exprime et se révèle. Il fait preuve qu’il est le Saint de Dieu parce qu’il n’hésite pas à se lier à la Samaritaine. Dieu se plait à faire l’impossible. Du néant, Dieu créa le ciel et la terre. II rend les morts vivants de nouveau. Dieu est amour. Il se plait à aimer. Il aime ce qu’on ne croirait pas aimable. Il aime sans juger. Les faiblesses de l’homme et ses péchés, il les connait mais il ne les considère pas. Les faux dieux ne supportent pas les souillures. Le vrai Dieu s’y mêle et y apporte la sainteté. Ce qu’il aime devient aimable. Jésus nous invite à adorer Dieu de cette façon, c’est à dire, en esprit et en vérité.
Il y a exactement quatre-vingts dix-neuf ans que cette Cathédrale de Saint Patrick fut dédiée. Nous sommes légitiment fiers de ce beau bâtiment, la plus belle église gothique, peut-être, de ce continent, bâtie par des gens en plus grande partie pauvres.
Mais ce ne sont pas les vitraux splendides ni les pilastres ni les flèches altières qui font la beauté de cette cathédrale. C’est parce que nous adorons Dieu en esprit et en vérité, c’est parce que nous sommes lies en amitié avec les plus démunis, c’est parce que nous ne dépendons pas de ce bâtiment dont les pierres exhalent un parfum exquis.
Il y a quatre-vingts ans, en mille neuf-cents seize, du premier juillet au dix-huit novembre la première bataille de la Somme battait son plein. Y tint lieu la bataille de Pozières dans laquelle les divisions première et deuxième australiennes furent engagées a cote des armées françaises et britanniques. Cette bataille continua sous le nom de Bataille de Fromelles dans laquelle la cinquième division australienne se lança contre l’ennemi et prit fin dans l’engagement qu’on appelle la Bataille de la Ferme Mouquet. A la même époque eut lieu la Bataille de Verdun ou sept-cents milles soldats furent tués. Nous pleurons et nous célébrons. Nous pleurons les morts. Nous célébrons leur sacrifice. Quel courage qui nous laisse ébahis. Nous nous réjouissons de ce que ce siècle de guerres en Europe se termine par la réconciliation dont l’Union Européenne est la grande preuve. Nous prions que l’exemple de l’Europe soit suivi en d’ autres endroits du monde où les conflits semblent permanents.
Lorsque Salomon dédie le Temple à Jérusalem il prie pour le peuple. Surtout il demande que le Temple qu’il vient de construire soit un lieu de réconciliation, de paix, de pitié. Que cette Cathédrale, que l ‘Union Européenne, que 1 ‘Association Franco-Australienne soient, chacune à sa façon, un lieu de réconciliation, un temple où Dieu habite.
J’aimerais terminer en vous parlant de Vincent. Vincent vient de fêter ses quatre-vingts ans. Chaque jour de la semaine il prend le tramway de Richmond. Malgré les regards surpris et peut-être méprisants des autres voyageurs – après tout Vincent et l ‘eau ne se connaissent pas – il vient servir la messe dans la paroisse où j’habite. Je m’en réjouis. Il nous permet de devenir ce que nous sommes. Notre église paroissiale, dont l ‘architecte fut également l’architecte de cette cathédrale, tient sa valeur et son éclat du fait que tous, gens aisés et vieux clochards, nous nous réunissons autour du même autel, en esprit et en vérité.
We know the scene at the well. Jesus is tired. He sits down. It is the middle of the day. A Samaritan woman comes at this unusual hour to draw water. Jesus speaks of the living water he will give her. He knows that she has had five husbands already and that the sixth man she lives with does not even claim to be a husband. The numbers are significant. Jesus is presenting himself to her as her seventh man, the perfect husband unlike all the rest.
The whole Gospel is found in this scene. Jesus can act in this fashion because he depends on no one. He worships his God and Father in spirit and in truth. He does not depend on stones. He is not made impure by his association with this woman who must come to the well during the heat of the day because she is an outcast from human society. Out of nothing God made the heavens and the earth and he draws the living from out of the company of the dead. False gods cannot become associated with impurity. The true God delights in the impossible and mixes with sin so as to tum it into grace.
Exactly 99 years ago this Cathedral was dedicated. Its beauty does not come from the magnificent windows nor from the soaring spires nor from its countless pilasters. Because we adore God in spirit and in truth, because we bind ourselves in friendship with the most wretched, precisely because we don’t need the cathedral we have built and restored: for these reasons the stones breath forth their perfume.
Eighty years ago, the first Battle of the Somme was in full spate. In one of its episodes, the Battle of Pozières, the first and second Australian divisions joined the French and British Forces. This episode continued under the name of the Battle of Fromelles in which the fifth Australian division engaged the enemy ending the episode with what is called the Battle of Mouquet Farm. We weep for the dead of these battles. We celebrate their heroism. We rejoice at the reconciliation which is enshrined in the European Union.
May this Cathedral, may the European Union, may the French Australian Association each in their own way become a means of reconciliation, a temple where God dwells in spirit and in truth.