Jacques Vauzelles
Aux obsèques, 24 séptembre 1986
St Finbar’s, East Brighton,
Melbourne
Homélie
Jacques Vauzelle était soldat de profession. Originaire de Lyons, il s’établit définitivement en ce pays des antipodes. Il a connu la jungle du Vietnam et les déserts du Tchad. N’a-t-il pas connu la peur de la guerre et la paix de la liberté. Il connaissait les joies de famille et la vie dure des casernes. Quel métier peut mieux faire connaître la condition humaine, les bonheurs et les malheurs de cette vie?
Quel est le sens de tous ces contrastes? Le projet humain, si complexe, si varié, se base sur l’espoir. On ne se lance dans le va-et-vient de la vie sans espérer qu’un bien peut en résulter. On ne fait pas la guerre sans espoir de réussite. On ne travaille pas sans espoir de gain.
Jacques Vauzelle est chrétien. Sa vie avait l’espoir comme base. Le chrétien sait que Dieu est juste. Dieu ne peut être que juste envers les justes. Dieu est vivant. Il ne peut que rendre vie à ceux qui veulent lui être proche. Dieu est sagesse. Il donne un sens aux variations de notre existence. Malgré les ténèbres qui entourent la condition humaine, ce soldat savait que Dieu pouvait l’en délivrer. Il savait que Dieu connait le sens des choses. Il savait que Dieu nous donne à boire, des maintenant, de sa paix et de sa joie. Ainsi, l’onction des malades reçue à l’hôpital l’a consolé et a tempéré l’angoisse qui accable ceux qui souffrent.
Le chrétien sait que le tombeau n’a pas retenu le Maître. Le Christ est plus puissant que la mort et le péché. Son Église, si souvent proie aux troubles, à l’usure, au péché, se- trouve sans cesse ranimée et renouvelée, rendue de nouveau jeune. Il y a dans l’Église une source de vie qui jaillit constamment. Jaques Vauzelle, en sa vie de chrétien, s’associait à la vitalité de l’Église et à la puissance du Christ qui ne peut être entravée. Son espoir se basait sur la bonne nouvelle de l’Église et de son Évangile. Les fruits de l’espoir sont multiformes.
Au dire de ses enfants, Jaques Vauzelle était un homme de paix. Un soldat doit bien savoir combien fragile est la paix et combien elle coûte cher. Ses enfants nous témoignent du fait qu’il était un homme sans rancune. Quelle admiration il a su inspirer en eux ! Il aimait son pays, la France. N’a-t-il pas passé sa vie à protéger sa patrie? L’amour chrétien inclut non seulement les hommes mais aussi cette terre qui nous soutient et notre pays qui nous enfante.
Pour chacun de nous il y aura un jugement. Nos semblables, nos enfants, le monde à venir nous demanderont: qu’avons-nous fait de notre vie? Nos amours, nos capacités, nos loisirs, qu’en avons nous fait? Le gaspillage, la fainéantise sont inacceptables. Nous avons une vie. Nous avons une terre, une race humaine. Comment est-ce que nous la construisons? Le créateur au début sera le juge à la fin.
L’Évangile esquisse, de façon imagée, ce jugement dernier. Le Christ ne pose pas de questions. Il ne demande pas si nous avons aimé Dieu, mais au contraire, il voit si nous avons été utile à nos frères. Il ne condamne que ceux qui n’ont rien fait pour subvenir aux besoins de leurs frères. Nous venons aujourd’hui témoigner devant le Juge du monde à venir que Jacques Vauzelle a bien servi sa famille, son pays, son Dieu.
Quelle sera cette vie éternelle? M. Vauzelle, ne l’a-t-il pas déjà deviné quelque peu dans les joies de sa famille, car la vie éternelle est communion? Ne l’a-t-il pas déjà entrevu dans les victoires sur l’ennemi, car la vie éternelle est la défaite du temps, de la mort et de toute hostilité. L’espoir du chrétien ne connait pas de limites car nous espérons en un Dieu infini.
Le Christ dit aux élus: entrez dans la joie. Ainsi nous prions pour Jacques, ‘Qu’il entre dans la joie de son Seigneur.’