SBS Radio,
1995
Message de Noël
L’amour nous rend fort et faible à la fois.
Ces derniers jours, la ville de Bethlehem fut remise aux Palestiniens.
Les soldats Israël s’en sont décampé. Avant eux, c’était les anglais, et avant eux, les Turques, avant eux les Arabes, les Perses, les Byzantins. Tant d’armées sont passés par là et s’en ont allé. L’histoire a bien secoué la Terre d’Israël.
Les Perses vers le début du septième siècle ont mis à sac toutes les églises de la Terre Sainte, sauf une, la basilique de la Nativité à Bethlehem. On dit que c’est parce qu’ils ont vu dépeints sur les parois les rois-mages habillés de vêtements perses. Par respect pour leur propre peuple les soldats ont épargné ce qui est maintenant la plus ancienne basilique byzantine construite, dit-on, sur l’endroit où le Divin Enfant fut né.
Il s’est vêtu de notre chair pour qu’on respecté la chair humaine. Il est devenu enfant pour qu’on ne fasse aucun mal aux enfants. Dieu s’est fait homme pour qu’on vénère l’humain.
Les mages, selon l’histoire racontée chez Saint Matthieu, sont venus de l’Orient. La légende a voulu que l’un soit de peau noire, un autre de peau jaune, le troisième de peau blanche. De cette façon on a fait savoir que toutes les races sont acceptables. L’Enfant ne rejette personne. Il est l’Enfant de tous. Cette leçon on l ‘apprend malaisément.
Le Nations Unies ont déclaré cette année mille neuf-cent quatre-vingt-quinze l’année de la tolérance. Malheureusement la religion est souvent utilisée à des fins intolérantes. Les pires intolérances se voient entre musulmans et hindous, entre catholiques et protestants, entre croyants et athées. La vraie religion n’est jamais dominatrice. L’Enfant est faible. La parole qui sort de la bouche des pauvres crie plus fort que le vacarme des puissants. L’Enfant est impuissant. Il accepte. Il se donne parce que dès le début il aime.
L’amour nous rend fort et faible à la fois. L’amour est plus simple que la haine. L’amour se retire les masques et devient entièrement visible, comme un nouveau-né.
Enfin, les mages découvrent l’Enfant et, s’agenouillant, présentent leurs dons: c’est-à-dire, l’or, l’encens et la myrrhe. De nos jours, les grandes armées du commerce ont envahi l’étable et font la foire à noël et non plus la fête. Mais on a vu passer tant d’envahisseurs. Or verra partir le commerce agressif et les mages continueront à présenter leur tribut. A l’enfant Jésus, ils offrent l’or non pas parce que l’enfant est pauvre mais parce qu’il est riche. L’encens ne sanctifie pas l’enfant. Les mages présentent le saint parfum à celui qui est le Saint de Dieu. La myrrhe préfigure le tombeau parce que l’enfant est voué au sacrifice dès sa naissance. Les mages ne font pas de cadeaux. Il font des signes.
L’intolérance, on le sait, provient d’une faiblesse. On veut à tout prix posséder ; c’est la tentation de l’or. Mais l’enfant a les mains vides et le cœur plein. On veut être admiré ; c’est la tentation de l’encens. Mais l’enfant sait bien ce qu’il est. On immole les autres ; c’est la tentation de la myrrhe. Mais l’Enfant va se présenter lui-même comme l’agneau du sacrifice.
Connaissez-vous la conte américaine intitulée ‘Le don des Mages’. Une jeune femme dont la chevelure est magnifique, se coupe les tresses et les vend pour acheter en cadeau de noël une chaine de montre pour son mari qui, de sa part, a déjà vendu la montre pour se permettre d’acheter des peignes à sa femme. Il n’y a pas d’amour sans don. Il n’y a pas de don sans sacrifice. L’Enfant Jésus nouveau-né est le don tout frais de Dieu qui aima le monde à tel point qu’il n’a pas épargné son Fils. Souhaitons que Bethlehem connaisse la paix dont les anges ont chanté.
Je souhaite que la paix du Divin Enfant soit chez vous et les vôtres ce noël.