2010, Radio SBS. Noel, L’enfant impuissant parmi les puissants
L’histoire est bien connue. Jésus est né à Bethlehem alors que les anges chantent « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux homes qu’il aime ». La Terre Sainte avait bien besoin de la paix à cette époque car la mésentente régnait partout. Les Romains méprisaient les Juifs qui de leur part haïssait ceux qui avaient envahi la terre promise à leur ancêtre, Abraham. Mais les Juifs se battaient entre eux. Le roi, Hérode le Grand, détestait son peuple qui de sa part l’abominait. Les Sadducéens et les Pharisiens s’opposaient violemment au sujet de la doctrine. Les Zélotes se formaient en groupes terroristes pour combattre les Romains qui de leur part étaient soutenus par une prêtrise bien indigne de leur office. Partout il y avait dispute et désaccord.
C’est dans ce milieu scindé que l’Enfant Jésus est né, cet Enfant que l’ange déclare comme Messie, Christ et Seigneur. Il est un enfant impuissant parmi les puissants, mais il finira par conquérir le tout-puissant Empire Romain qui trois siècles plus tard se déclarera chrétien. Ce n’est pas par les armes que cet Enfant sera vainqueur mais par la vérité de ses paroles, par l’exemple de sa vie, par la grâce de sa mort et la gloire de son ascension. N’est-ce pas étonnant ? Comment se fait-il ? C’est parce que la vérité finit toujours par gagner. Jésus, devenu adulte, va déclarer qu’il faut aimer l’ennemi et prier pour ceux qui vous persécutent, rendre le bien à celui qui vous fait tort. C’est par la faiblesse de sa parole que Jésus remportera la victoire sur les forts.
De nos jours on voit le même désaccord dans tout le Proche Orient, où les problèmes semblent nous dépasser. Il y a mésentente entre les juifs et les musulmans, entre les extrémistes juifs et ceux qui cherchent la paix ; entre les musulmans terroristes et ceux qui cherchent un accord. Même entre les chrétiens il y a le désarroi. De fait, au mois d’octobre passé les évêques du Proche Orient se sont réunis au Vatican. Ils ont franchement admis les brouilles et les rivalités. Ils s’inquiètent aussi du départ accélérant des chrétiens. Si cet exode continue, la Terre Sainte deviendra un simple musée. Les lieux de pèlerinages resteront mais les pierres vivantes, c’est-à-dire les chrétiens, auront disparu. Le désastre est proche. Les évêques et le pape avec eux crient à haute voix que les conflits, les guerres, la violence et le terrorisme ont duré bien trop longtemps. Ils font appel à la paix. La paix est urgente, disent-ils, la paix est indispensable.
L’enfant né à Bethlehem est toujours là, faible, cet Enfant signe de l’espoir.
Mais qu’en est-il de nous-mêmes ? La paix règne-elle dans nos cœurs, dans nos familles. Dans la banlieue où j’habite les diverses églises, anglicane, baptiste, catholique, Uniting Church, nous avons préparé une carte de noël qui sera placée dans toutes les boites aux lettres de nos paroisses. La carte pose la question « La paix sera-t-elle chez vous à noël ? et cite le prophète Isaïe qui proclame « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné, il a reçu le pouvoir sur ses épaules et on lui a donné ce nom Conseiller-merveilleux, … Prince de Paix, … (Is .9.5). » Car la paix ne provient pas uniquement de la gestion économie, ou des armements, mais de l’esprit. La paix qui dure vient d’en haut, d’au-delà de cet univers. La paix est un don qui se manifeste dans le cœur comme par magie, tout comme l’enfant Jésus est né secrètement dans le silence de l’étable. L’amour est à l’origine de cet univers ; l’amour est le destin de l’univers. De même la paix se situe au début et nous comble à la fin. Que cette paix se fasse sentir chez vous et les vôtres ce noël. Que la paix du Christ soit toujours avec vous.