2008, Radio SBS, Noel, Les cadeaux
C’est l’heure des achats. On réfléchit, on se dépêche, on achète. Quel sera le don qui plaira à mon enfant, à mon mari, à ma femme. Sera-t-elle contente ? Verra-t-elle à quel point je l’apprécie, combien je l’aime, à quel point je voudrais l’aimer. Voilà peut-être quelques unes des réflexions qui auront lieu, à cette époque. Car nous sommes à l’heure des dons. On présente le cadeau, on se présente soi-même. On espère être reçu en même temps que le don est accepté. C’est la saison de l’amitié. Il se peut aussi, que la fête renforce de nouveau le manque d’accord dans la famille. C’est la saison de l’amertume aussi.
Les origines de cette fête se trouvent loin dans le passé. On pense à la fête de Saint Nicolas ou à la Sainte Catherine lorsque, dans le temps, on présentait des cadeaux aux garçons et aux fillettes. On pense aussi à la galette des rois qui contenait les pièces d’argent en souvenir des rois mages qui sont venues apporter au Christ nouveau-né de l’or, de l’encens et du myrrhe. De fait ils payaient le tribut. Ils imitaient les ambassadeurs qui chaque année apportaient au roi des rois, c’est-à-dire le roi des Perses qui furent les premiers au monde à fonder un empire – ces ambassadeurs, dis-je, lui présentaient les plus beaux produits de leur pays. De nos jours on les voit encore, ces ambassadeurs, sculptés sur les marches du grand palais de Persépolis.
Les rois mages présentent leurs dons à Jésus non pas comme s’il en avait besoin. Ils lui font hommage. Ils apportent de l’or parce qu’ils savent bien que le Nouveau-né est le roi du monde entier ; ils présentent l’encense pour adorer l’Enfant en tant que le saint de Dieu ; le myrrhe fait voir que l’Enfant sera sacrifié.
Mais c’est Marie qui donne au monde son enfant. Elle le pose dans la mangeoire pour montrer qu’il sera la nourriture des hommes. Elle sait, de façon instinctive, qu’il dira un jour ‘Prenez et mangez, car ceci est mon corps’, et ‘Prenez, buvez, car ceci est la coupe de mon sang’.
Noël est la saison des dons. Les mages paient leur tribut, Marie fait don de son enfant, Jésus se donne lui-même, sa chair et son sang. Mais finalement, et suprêmement, c’est Dieu qui fait le don. Il envoie Jésus dans le monde. L’intelligence chrétienne enseigne que Jésus est l’enfant né pour tous, l’enfant donné au monde entier. Il est le plus grand des dons. Une grâce inexprimable.
C’est parce que Dieu lui-même est don. La Trinité des Personnes, cet enseignement si beau et si surprenant, nous permet de comprendre que les Divines Personnes se donnent l’une à l’autre éternellement. Dieu est don.
En présentant nos dons à ce que nous aimons on perçoit bien faiblement la communion même de la saint Trinité, nous faisons part à l’être même de Dieu. On commence à comprendre que tout est grâce, tout est don.
Je prie donc, ce monde, votre vie même, vos chers amis, votre famille, vous seront de nouveau révélés comme une grâce, et que cette grâce vous permettra d’entrevoir la grâce divine. Que la paix soit avec vous et les vôtres.