La fidélité, Radio SBS, Pâques 2002

  La fidélité, Radio SBS, Pâques 2002   

Les Musulmans acceptent Jésus comme prophète et le vénèrent autant que Moïse et Abraham, mais ils nient que Jésus ait été crucifié. Les yogis estiment Jésus, et au centre yogique de Monghyr en Inde on lui a dédié une chapelle où un tableau le montre enseignant les enfants. Mais un crucifix les aurait troublés. De même à Melbourne dans un ashram hindou on a posé près de l’autel une belle image de Jésus mais non pas un crucifix.

Parmi tous les grands personnages religieux que le monde a connus Jésus seul fut mis à mort d’une façon si atroce. Mais il faut bien comprendre la chose. Le crucifié nous invite non pas à contempler sa douleur mais à apprécier sa fidélité. Jésus est fidèle à tel point que les menaces les plus terribles ne le détournent pas de son projet. Il est bien conscient, nous répètent les évangiles ; il sait bien ce qui va se passer. Au dernier repas il lave les pieds de Pierre de qui il prédit le reniement. Pierre proteste qu’il sera fidèle à Jésus jusqu’ à la mort mais Jésus répète qu’il va le renier trois fois. De même il donne à Judas le traitre la bouchée trempée en gage d’amitié, alors qu’il prédit sa trahison. Jésus se montre fidèle envers ceux qui lui seront infidèles. De même il aime ceux qui ne sont pas aimables.

Voilà l’alliance nouvelle et éternelle que Jésus établit entre le ciel et la terre. Ce n’est pas par faiblesse que Jésus est fidèle mais parce que sa maitrise sur le monde et sur l’avenir est incontestable. Jadis à Sinaï, l’alliance faite par Moïse engageait d’une part la protection de Dieu et d’autre part l’obéissance du peuple. Mais au dernier repas Jésus établit l’alliance avec eux-mêmes qui, cette nuit-là, vont l’abandonner. A cette liste il faut ajouter Dieu lui-même, car sur la croix Jésus crie au plus profond de son angoisse: ‘Ô mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné’. Jésus se sent comme anéanti. Mais c’est précisément en cette condition que surgit en lui, paradoxe nouvelle, une source de vie intarissable, une connaissance sans limites.

De nos jours la fidélité est en crise. Les jeunes ont peur de se marier. Les enfants se sentent écartelés par la mésentente et le divorce de leurs parents. La multitude des points de vue prête à confusion. Que croire, à qui se fier?

Les chrétiens, qui imitent le plus souvent les disciples irrésolus, proclament néanmoins que Jésus est le témoin du fidèle du Dieu fidèle. Jésus manifeste visiblement Celui qui est à jamais invisible.

Que faire? La Pâque nous invite à la fidélité devant toutes les trahisons. C’est une leçon difficile, mais nous savons bien qu’elle est la seule façon d’agir. Fidèles aux infidèles, aimant eux qui ne sont pas dignes d’amour, nous verrons surgir en nous l’image de Jésus lui-même. De cette façon l’alliance se renouvelle à jamais ; une joie incomparable et une connaissance infinie s’installent au plus profond de l’âme.

Que cette joie et l’allégresse de Pâques habitent chez vous.

About interfaithashram

Rev. Dr. John Dupuche is a Roman Catholic Priest, a senior lecturer at MCD University of Divinity, and Honorary Fellow at Australian Catholic University. His doctorate is in Sanskrit in the field of Kashmir Shaivism. He is chair of the Catholic Interfaith Committee of the Archdiocese of Melbourne and has established a pastoral relationship with the parishes of Lilydale and Healesville. He is the author of 'Abhinavagupta: the Kula Ritual as elaborated in chapter 29 of the Tantraloka', 2003; 'Jesus, the Mantra of God', 2005; 'Vers un tantra chrétien' in 2009; translated as 'Towards a Christian Tantra' in 2009. He has written many articles. He travels to India each year. He lives in an interfaith ashram.
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