2007, Radio SBS, Noël, La surprise
On connaît bien l’histoire. Pendant la nuit les bergers gardent leurs troupeaux, à l’écart de la ville de Bethlehem. Ces hommes sans éducation, sans importance, s’épouvantent à la vue de l’ange qui leur adresse la parole : « Voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui vous est né un sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur. » Ces hommes simples se dépêchent et trouvent l’étable où l’enfant dort, emmailloté et posé dans une mangeoire. C’est une grande surprise. Ne sied-il pas à celui qui est Sauveur, Messie, et Seigneur, de naître plutôt dans un palais entouré de serviteurs, et de dormir sur des draps de soie. Mais non, c’est l’humilité scandaleuse de Dieu. S’étant habitué à cette histoire on oublie à quel point elle est choquante.
L’ange est envoyé ni chez le gouverneur, ni chez le grand prêtre mais chez des bergers ignorants. C’est le scandale de l’évangile. La bonne nouvelle ne serait-il pas mieux divulgué s’il était transmis à ceux qui pouvaient le proclamer officiellement par les édits. Mais non, la naissance du Christ est un secret confié aux bergers. De même la noël est redevenu le secret des chrétiens. On voit partout des sapins, des étoiles, les bûches de noël. On ne voit plus l’Enfant. Il est de nouveau mis à l’écart et caché.
Ainsi, à Melbourne un énorme arbre de noël en plastique domine le City Square. On voit à peine, dépeintes sur une muraille tout près, les scènes de l’histoire qui est à l’origine de la fête.
Le Messie se fait annoncer à de simples bergers. Il vient s’abriter, dans la nuit et dans le silence, impuissant parmi les impuissants, sans poser de questions, sans rien exiger. Librement il se confie en nos bras. Dans nos cauchemars, nos mauvais souvenirs, nos traumatismes, l’enfant divin vient s’insérer pour nous apaiser. Les bergers se recueillent devant l’enfant. Ils deviennent comme des enfants devant l’enfant, silencieux devant celui qui ne sait pas encore parler. Il nous touche au cœur.
A la noël on présente les cadeaux, choisis avec soin. En présentant un cadeau on se présente soi-même. On espère que le don sera agréable ; et si le don est bien reçu on se sent accepté. Si même beaucoup de gens ont oublié le sens de la fête de noël, ils retiennent quand même un point essentiel : c’est la fête des cadeaux. La raison en est que le Christ nouveau-né est le don de Dieu. Le prophète Isaïe le proclame, « Oui ! un enfant nous est né, un fils nous a été donné … ; on proclame son nom : ‘Merveilleux-Conseiller, Dieu-fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix.’ » En nous présentant cet enfant, Dieu se donne lui-même.
La noël s’approche et le nouvel an la suit de près. On célèbre le changement de date, mais plus encore on célèbre les possibilités que donnent les douze mois à venir. La fête du nouvel an signifie tout ce qui est possible. Jésus, l’enfant nouveau-né, nous fait voir un avenir sans limites, le champ immense du cœur humain, une vue plongeante sur l’espace infini du cœur divin.
Je prie et je souhaite que cette noël sera pour vous un moment de paix et de calme dans le vacarme de la fin d’année, et que dans silence du Christ nouveau-né l’espace d’un avenir infini s’ouvre au plus profond de votre esprit.
Que la paix du Christ soit toujours avec vous.