2009, Radio SBS, Pâques, Le parfum
Six jours avant sa mort, Jésus se trouve chez Marthe et Marie et leur frère Lazare que Jésus avait ressuscité des morts quelques jours auparavant. L’évangile de Saint Jean nous raconte : Marie prend « une livre d’un parfum de nard, de grand prix, et oignit les pieds de Jésus ; et la maison s’emplit de la senteur du parfum. » La scène est belle. Judas, celui qui va trahir Jésus, proteste, mais Jésus réplique en disant que Marie devait garder ce parfum pour le jour de sa sépulture. Car en effet, Jésus, par manque de temps, ne fut pas enseveli dans le tombeau entouré de déodorants selon la coutume juive qui cherchait à masquer l’effluve de la mort.
Tous ces détails ont un sens plus profond. Jésus n’a pas besoin de fragrances parce que chez lui il n’y a rien de pourri. Il est sans péché. Il connaît la mort, mais il ne reste pas chez les morts. La foi chrétienne proclame depuis toujours que Jésus ressuscite le troisième jour, avant même que les femmes n’arrivent au tombeau pour oindre le corps de Jésus selon la coutume. Tel un parfum – cette essence exquise des fleurs – Jésus remplit le monde de sa présence. Il n’est pas enfermé ici ou là. Il déverse sa grâce sur la terre entière.
En effet, le nom de Jésus est prononcé partout dans le monde. Il n’y a pas un pays, à peine une ville où le souvenir de Jésus mort et ressuscité ne soit pas apprécié. De plus, il y a à l’heure actuelle deux milliards de chrétiens au monde, c’est-à-dire deux mille millions. Sur le front de chacun de ces deux milliards, on a versé l’eau du baptême. Il y a effectivement sur cette terre un arrosement sans arrêt des eaux baptismales, les eaux de la grâce. Le nard que Marie a versé sur les pieds de Jésus prévoit la pluie de bénédiction sur le monde jusqu’à la fin des temps.
Ce qu’on célèbre cette Paque, c’est l’espoir ! Les crises du monde actuel qui semblent s’entasser sans arrêt, pourraient bien nous faire désespérer. Le bonheur, est-il possible, ce bonheur sans fin et sans limite ? Ne finira-t-on jamais avec le mal ? L’odeur malsaine de la corruption et des scandales dont on lit de nouveaux exemples chaque jour dans les journaux, sont-ils capables d’éliminer le parfum de la bonne nouvelle. Mais non !
Les obsèques de la Sœur Emmanuelle ont eu lieu dans la Cathédrale de Notre Dame à Paris, il y a quelque mois. Le Président Sarkozy y assista. La Sœur Emmanuelle a vécu pendant de bien nombreuses années parmi les pauvres dans les champs d’ordures du Caire. On a vivement reconnu sa sainteté. La puanteur des immondices ne pouvait pas masquer l’odeur de sa sainteté. Elle nous laissait percevoir le parfum de Jésus qui emplit l’univers et rend ce monde infiniment agréable.
Prions donc que le parfum de Paques se fasse sentir chez nous ; que le parfum du nard qui emplit la maison où vécut Lazare et ses sœurs nous rende capable d’apprécier tous les parfums du monde ; que les relents malsains qui peuvent nous affliger ne masquent jamais le parfum de l’espoir. Que la joie et le parfum de cette Paque restent avec nous, tous les jours de notre vie.